DEMOCRATIE

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dimanche 17 mai 2009

La droite moins malade que la gauche !

Baromètre mensuel -"Valeurs actuelles". L'opinion des Français sur l'action du président de la République et sur l'opposition.

Les Français estiment qu’on aggrave la crise en en parlant trop. Résultat : la confiance dans la gauche est encore moindre que celle exprimée en faveur de Sarkozy.

A moins d’une surprise ma­jeure aux élections européennes du 7 juin, la crise ne profite à personne. Et sur­tout pas à la gauche, dont le crédit n’a jamais été aussi bas à la bourse de l’alternance.

C’est dire si Martine Au­bry a du souci à se faire : elle, qui, comme tous les leaders de gau­che eu­ro­­péens, aurait pu espérer ti­rer parti des élections européennes, doit se résigner à l’inévitable. Si 54 % des Français ne se reconnaissent pas dans l’action de Nicolas Sarkozy (+ 3 % par rapport à mars selon notre baro­mètre), 57 % se méfient de l’opposition que son parti ­incarne au Parlement. Sept points de plus en deux mois selon le même indicateur…

C’est finalement un raccourci de ce qui semble, à en croire tous les son­dages, se préparer à l’échelle du continent : une droite confirmée dans ses orientations malgré l’ébranlement général du système libéral provoqué par la crise !

De Londres à Rome en passant par Berlin, pas une étude d’opinion ne contredit ce constat : alors que la fail­lite de Wall Street aurait dû conforter les anticapitalistes de tout poil, la gauche mondiale est dans les choux.

À l’exception d’Obama, dont l’élection participe d’une alchimie antérieure à la crise (liée, pour une large part, à la politique extérieure de George Bush), tous les pronostics vont dans le même sens : les conservateurs ont le vent en poupe en Grande-Bretagne, de même que Silvio Berlusconi en Italie et que les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel outre-Rhin.

Victoire du pragmatisme sur l’habileté ? Alors que les gauches européennes s’étaient ingéniées, de­puis dix ans, à ne point pa­raître “archaïques” en s’abstenant de critiquer le marché (voir Tony Blair !), c’est la droite qui, confrontée au choc de la crise, réhabilite l’intervention de l’État, la nécessité d’une péréquation sociale ré­paratrice des distorsions de la concurrence et l’exigence d’une « régulation de la ­finance mondiale » (dixit Nicolas Sar­kozy, le 5 mai, à Nîmes).

“Besoin d’État”, exigence de protection européenne : qu’on la juge sincère ou non, c’est la droite qui, aujourd’hui, réha­bi­lite ces desiderata, tandis que la gauche, quand elle n’est pas au pouvoir, et l’extrême gau­che, partout, s’ingénient à souffler sur les braises.

Avec le résultat que l’on constate : seuls 36 % des Français estiment aujourd’hui que l’opposition ferait mieux que la droite si elle était aujour­d’hui aux commandes.

Et pas seulement dans l’électorat “conservateur” traditionnel : c’est ce que pensent aujourd’hui 61 % des employés et 54 % des ouvriers, mais aussi 50 % des chômeurs, catégories qui, jusqu’alors, votaient majoritairement à gauche…

Ceux qui soufflent sur les braises s’exposent au discrédit…

D’où le principal enseignement de notre sondage : si 71 % des personnes interrogées estiment que la crise n’est pas finie – qu’elle se stabilise (31 %) ou qu’elle s’aggrave (40 %) avant que la situation s’améliore –, 56 % pensent que les médias ont tort de trop en parler. Comme si une majorité de Français avaient saisi le caractère psychologiquement délétère du catastrophisme…

D’où, aussi, une prime au volontarisme qui, en France, profite au pou­voir en place, mais aussi aux opposants “raisonnables” (type François Bayrou ou Philippe de Villiers), qui persistent à dénoncer l’ampleur des déficits et les dangers d’un endettement excessif. Tandis que ceux qui, à gauche, prônent une relance par la consommation (le PS) ou un embrasement social (Besancenot) s’exposent à passer pour des irresponsables.

Même paradoxe face à la monnaie européenne : alors que, dans les mi­lieux dits “informés”, il n’est question que de possibles sécessions au sein de la zone euro (celles de la Grèce ou de l’Italie, par exemple, inca­pables de respecter les disciplines de Maastricht), 71 % des Français consi­dèrent l’euro comme un atout pour l’économie française. Y compris chez les électeurs “souverainistes” (83 %), à peine moins nombreux que ceux de l’UMP (86 %) à partager ce point
de vue, les plus dubitatifs étant les sympathisants du Front national, qui estiment à 52 % que l’euro constitue un handicap.

« Que sept Français sur dix estiment que l’appartenance à la zone euro consti­tue “plutôt un atout” pour l’économie française confirme l’inanité de la thèse d’un basculement de l’opinion dans une contestation tous azimuts », observe le directeur d’Isama, Jérôme Sainte-Marie, qui estime que les Français, malgré les tensions sociales, ont une lecture modérée de la crise.

Il insiste : « Que les trois quarts ­d’entre eux considèrent que la dégradation de la situation économique va perdurer quelque temps, puis le cours des choses s’inverser, contre un quart seulement estimant qu’elle ne s’améliorera pas avant longtemps constitue un élément appréciable pour nuancer le pessi­misme souvent invoqué des Français. »

Ce refus du catastrophisme suffira-t-il à conduire une majorité de Français aux urnes, le 7 juin prochain ?

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