DEMOCRATIE

DEMOCRATIE

dimanche 17 janvier 2010

NON AU CUMUL DES MANDATS !!!!!

L'absentéisme parlementaire choque les Français et le cumul actuel des mandats le favorise.

Il y a aussi et surtout une question de principe : ce cumul peut entraîner une confusion d'intérêt.

L’élu n’est pas un employé et son mandat n’est pas un job !

Les français sont aujourd’hui une très large majorité à déconsidérer l’homme politique, estimant que ses multiples candidatures n’ont plus rien à voir avec un engagement profond et sincère.

De même, il n'est pas sain pour la vie démocratique qu'une même personne puisse rester à la tête d'une collectivité en cumulant plusieurs mandats pendant 20 ou 30 ans, la CharenteMaritime en est un pur exemple. ( mais jusqu'où iront ils )?

Il faut au contraire permettre à des femmes et à des hommes nouveaux de partager les responsabilités locales et nationales.

Nos institutions doivent être profondément modernisées pour permettre un renouvellement régulier de la classe politique.

Comment mettre un terme à cette situation ?

Seule une réforme imposant le mandat unique, permettra de conjuguer la régénération de la classe politique et l'obligation pour l'élu de se consacrer entièrement à l'exercice du mandat qui lui a été confié.

Le non cumul des mandats pourrait permettre à plus de politiques débutants, issus de la société civile, de concrétiser leur engagement à des postes décisionnels.

Il donnerait l’opportunité à de nouveaux visages de se faire connaître, d’acquérir de l’expérience et de faire leurs preuves auprès de leurs électeurs.

C’est pourquoi une telle règle développerait la diversité du paysage politique et donc la démocratie.
Mais, le non cumul, représente aussi bien plus : dans ma vision de la démocratie, cela indique une volonté de « déprofessionnalisation » des mandats électifs, lorsque le mandat le permet.

Ce qui ne veut pas forcément dire avoir des élus moins compétents, mais des élus moins dépendants de leurs carrières politiques (et des indemnités associées), des élus qui pourront ainsi plus librement appliquer leurs convictions et leur valeurs pendant toute la durée de leur mandat sans craindre un mauvais impact sur une future élection.

Enfin, défendre le non cumul de mandat signifie aussi pour moi, permettre plus de transparence dans notre système démocratique.
Nous élisons ainsi des candidats pour une fonction claire et précise sans chercher à savoir quel mandat sera privilégié dans son action par des élus cumulards.

Alors, pour plus de démocratie, non au cumul des mandats !

Richard Canac.

Un prophète désarmé.


Comme les vrais gaullistes, il était à la fois d’hier et d’après demain.

Il disparaît alors que la crise rend à ses analyses une formidable acuité.

Depuis onze ans, on ne parlait déjà plus de son destin qu’au passé. Il lui restait une carrière : premier président, depuis 2004, d’une Cour des comptes rénovée et, grâce à lui, vraiment indépendante.

Certes, Philippe Séguin portait une part de responsabilité dans cet exil intérieur commencé en 1999 quand, deux mois à peine avant les élections européennes, il avait claqué la porte de la présidence du RPR, en même temps que démissionné de la tête de liste qu’il était censé mener avec Alain Madelin. Ses colères, proportionnelles à ses éclats de rire et à ses renoncements (en voulait- il aux autres de le pousser à bout ou à lui-même de faire ce qu’ils attendaient de lui ?), étaient alors devenues sa marque de fabrique : celle d’un électron libre aussi prompt à se révolter qu’à rentrer dans le rang,pour aussitôt prévenir que personne, jamais, n’aurait barre sur lui.

En taisant cet aspect erratique de sa personnalité – oubli somme toute normal après une disparition –, ceux qui tressent aujourd’hui des lauriers à Philippe Séguin doivent-ils pour autant faire l’impasse sur leurs propres responsabilités dans sa marginalisation politique ?

À droite, où tout le monde semble aujourd’hui l’aimer, il n’y a guère que le président de la République et le premier ministre à ne pas encourir l’éternel soupçon de l’hommage rendu par le vice à la vertu.

Nicolas Sarkozy, qui n’a jamais été proche de lui par les idées, l’a, en effet, toujours respecté. Lui a voté oui à Maastricht en 1992, défendu logiquement la mondialisation libérale puis soutenu Édouard Balladur, quand Séguin, à l’inverse, prenait la tête du non, s’enflammait, l’année suivante, contre le «Munich social » incarné à ses yeux par les accords du Gatt – l’actuelle OMC – et choisissait Chirac à l’élection présidentielle de 1995. Fasciné, peut-être, par ce “double inversé”, Sarkozy n’en a pas moins soutenu l’action de Séguin à la tête de la Cour des comptes, y compris quand ses investigations ont débouché sur la polémique, exploitée à fond par la gauche, sur les sondages de l’Élysée.Mieux, avec la crise mondiale, le président n’a pas hésité à “faire du Séguin” en réclamant une régulation accrue des échanges mondiaux, au nom de la nécessaire cohésion sociale sans laquelle la République serait un vain mot.

Conversion sincère ou application de l’éternelle méthode des deux fers au feu ? À peine entré à l’Élysée, Nicolas Sarkozy n’a pas négligé, en tout cas, de faire d’Henri Guaino, qui fut le plus proche collaborateur de Séguin pendant la bataille de Maastricht, le premier de ses conseillers.

Quant à François Fillon, au bord des larmes à l’annonce de la mort de celui qui fut son mentor, ceux qui le connaissent savent que son émotion n’était pas feinte. Tout comme celle de Roger Karoutchi qui, avec Fillon, anima longtemps la tendance séguiniste du RPR, hostile à l’“embourgeoisement” du mouvement incarné alors par Alain Juppé et Édouard Balladur…

Nul doute qu’en décrivant la « passion dévorante, tenace, ombrageuse » de « l’un des plus grands serviteurs de la France », François Fillon pensait au chef de l’État que Philippe Séguin aurait pu devenir. Aurait dû devenir, disent ceux qui l’ont aimé. Il y avait aussi dans sa voix la gratitude de lui devoir, un peu – et sans doute beaucoup –, sa nomination à Matignon. C’est-à-dire à une place où la tradition représentée par Séguin avait un rôle à jouer dans la stratégie de Nicolas Sarkozy.

Pourquoi, de fait, ce rendez- vous manqué avec l’Histoire, dont il était un passionné ? Pour le comprendre, il faut relire les Mémoires qu’il a publiés à 60 ans tout juste – indice non négligeable en un temps où telle est, désormais, la force de l’âge pour un homme politique (Itinéraire dans la France d’en bas, d’en haut et d’ailleurs, Seuil, 2003).

On y ressent, décrite avec une sensibilité parfois déchirante, sa nostalgie d’un temps où les hommes politiques étaient plus prodigues d’idées que de postures. Son dégoût pour les combinaisons politiciennes et son dépit d’avoir dû parfois s’y prêter.Sa tristesse, aussi,de n’avoir pu solder aucun de ses grands combats personnels autrement que par un échec ou une démission.Sa colère, surtout, de n’être jamais crédité de ce qu’il fit pour les autres, à commencer par Jacques Chirac dont il estime, non sans raison, qu’il n’aurait pas été élu sans son concours, en mai 1995… Et qui, suprême humiliation, a tout fait pour l’éliminer de la liste de ses successeurs !

Être orphelin d’un père politique (qui lui survit) après l’avoir été d’un autre qu’il n’a jamais connu (le vrai, mort en héros, en septembre 1944, dans les combats pour la libération du Doubs), faut-il chercher plus loin la source du drame intime qui, jusqu’au bout, tarauda Philippe Séguin ?

Deux fois orphelin, et même trois, si l’on ajoute le deuil spirituel de cette « certaine idée de la France » qu’enfant il admirait chez de Gaulle et qui s’effaçait déjà quand, en 1978, il entra en politique comme député des Vosges, Philippe Séguin ne fut pas, c’est le moins qu’on puisse dire,“verni”par les circonstances. Mais, trop intelligent pour mettre sur le compte des autres ce qui le ramenait à ses propres erreurs, il ne négligeait jamais de se mettre en cause. D’où la question lancinante qui affleure à chaque page de ses Mémoires : quel levier d’action reste-t-il à celui qui, les ayant tous eus – ou presque – n’a pas su ou voulu les utiliser ?

Le oui à Maastricht l’ayant emporté par moins de 300 000 voix, celui qui avait fédéré les non face à François Mitterrand avait une occasion toute trouvée de s’ériger en chef de l’opposition puis de transformer en victoire personnelle celle,annoncée,de la droite aux législatives de mars 1993…

Mais il fallait pour cela se dresser contre Jacques Chirac. Tuer le père, diraient les psychanalystes. Philippe Séguin, qui en avait pourtant les moyens en utilisant à son profit les statuts du RPR, ne s’y résout pas.Résultat : c’est Balladur qui devient premier ministre et entreprend aussitôt de marginaliser Chirac dans la perspective de la présidentielle de 1995.

Bon soldat, Séguin se rallie une fois de plus au maire de Paris et,depuis son perchoir de l’Assemblée nationale, déstabilise si fort Balladur que celui-ci, donné largement gagnant, est éliminé.

Chirac élu face à Lionel Jospin,ce n’est pourtant pas Séguin, mais son adversaire Juppé que le nouveau chef de l’État appelle à Matignon, l’autre se trouvant condamné à continuer de ronger son frein au “perchoir”. L’échec de la dissolution voulue par Juppé et contre laquelle Séguin s’était élevé lui donne-t-il une chance de rebondir ? En juillet 1997, il prend enfin la direction du RPR. Son unique tentative pour s’imposer débouche sur un échec symbolique : ayant proposé de changer les initiales du RPR en RPF pour « renouer avec l’identité gaulliste », une majorité de militants repousse ce retour aux sources en forme de déchiraquisation et, offense suprême, ovationne debout le nom de Chirac !

Chirac se débarrasse d’un concurrent au profit d’un successeur : Sarkozy

Philippe Séguin, alors, en est sûr : Jacques Chirac veut transformer l’association de ses “amis”, présidée par Bernard Pons, en “parti du président” ! On connaît la suite : sa démission mémorable de 1999 qui laisse le mouvement décapité aller à la pire catastrophe électorale de son histoire : 13% des voix !

Jacques Chirac craint-il de voir Philippe Séguin, blessé, se lancer contre lui, en 2002, à l’assaut de l’Élysée ? Il le persuade d’être candidat, en 2001, à la mairie de Paris.Mais n’ayant pu obtenir le retrait du maire sortant, Jean Tiberi, l’Élysée doit se résigner à assister, impuissant, à un véritable jeu de massacre : honnête jusqu’au bout, Séguin attaque en priorité le “système” parisien. Et feint d’oublier que, si système il y a, Tiberi ne saurait en être l’initiateur, lui qui attendit dix-huit ans pour succéder à Chirac ! Le socialiste Bertrand Delanoë n’a plus qu’à reprendre à son compte les arguments de Séguin… et à attendre, dans un fauteuil, sa propre élection.

Chirac respire : il n’a plus de concurrent dans son propre camp, seulement un successeur : Nicolas Sarkozy. À 58 ans – âge auquel Mitterrand allait devoir attendre encore un septennat pour conquérir l’Élysée –, Philippe Séguin quitte l’arène politique.

Pétri d’histoire de France, il en avait pourtant tout appris. Sauf cette leçon subsidiaire qui, dans l’action, devient la première : si nobles soient-elles, les idées ne s’imposent, en démocratie, que par la force des urnes. Depuis Maastricht où, de son point de vue, tout avait été dit, Philippe Séguin avait perdu l’envie de se répéter…

Par Eric Branca

Photo © SIPA

De la France.

On lui devra un de ces moments rares dans les tumultes de la vie politique : un moment d’unanimité nationale. Ce à quoi Philippe Séguin avait tant rêvé de son vivant, sa mort nous l’aura offert : depuis huit jours, grâce à lui, à cause de lui, on ne parle que de la France, de la nation, de la République. Car il fut l’homme d’un discours, prononcé dans la nuit du 5 au 6 mai 1992 à la tribune de l’Assemblée nationale, un discours sur la France de deux heures et demie devant des parlementaires interloqués.

Il eut ce soir-là le sentiment de “faire de la politique”. C’est en effet dans ce discours qu’il démontra qu’il y avait un préalable à toute ratification du traité de Maastricht sur la monnaie unique, celui de réformer la Consti tution. Il emporta la conviction du Conseil constitutionnel et décida le président de la République, François Mitterrand, à consulter les Français par référendum. Le oui gagna de quelque 500 000 voix, à peine 2 % des suffrages exprimés. Treize ans plus tard, le 29 mai 2005, les Français se prononcèrent à nouveau, sur un traité constitutionnel qui faisait suite à celui de Maastricht. Cette fois, le non obtint 2,6 millions de voix de plus que le oui ! Comme si les mots de Philippe Séguin s’étaient finalement insinués

dans l’intimité des opinions. Et si nous avons aujour d’hui un traité européen qui tourne le dos au fédéralisme et à l’effacement des États – les juges constitutionnels allemands ayant même pris soin de préciser qu’il ne pouvait s’agir que d’une association d’États souverains –, on pourrait soutenir que c’est au lointain discours sur la France qu’on le doit.

Un mot du général de Gaulle en résume le propos : « On peut être grand même sans beaucoup de moyens ; il suffit d’être à la hauteur de l’Histoire. » Philippe Séguin le disait : « Certes, les statistiques ne font pas de la France une superpuissance mondiale. Mais en quoi cela est-il nouveau ? Qu’était-ce donc que la puissance française quand le petit roi de France faisait la guerre aux Plantagenêts ? Qu’était-ce donc que la puissance française opposée à l’empire de Charles Quint ? Que pesait donc la puissance française pour les soldats de l’An II et les grognards de l’Empire face à l’Europe coalisée ? Et pour quelle part comptait-elle, la puissance française, chez ceux qui firent avec Leclerc le serment de Koufra et chez ceux qui tinrent le maquis et ne se rendirent jamais ? » Il ajoutait, en forme de leçon de l’Histoire : « C’est le caractère bien plus que la géographie qui fait la force et le rayonnement d’un peuple – la ténacité, le cou rage, l’intelligence, la créativité, la cohésion décident du rang d’une nation. Et même de sa prospérité ! »

On peut imaginer que les Français avaient quelque chose comme cela en tête, quand ils ont voté en 2005, sans trop savoir que c’était lui qui l’avait dit. Un homme en revanche le savait, Nicolas Sarkozy, si différent de lui, mais qui avait compris la signification du non de 2005, de cet appel de détresse du pays à ses dirigeants pour que ceux-ci reprennent en main son destin au lieu de donner l’impression de l’aban donner aux mains des autres. Un appel à « tirer sa force de sa fai blesse » et à ce que le président de la Répu blique appelait, lundi à Saint-Louis-des-Invalides, dans son bel éloge funèbre, le « devoir d’orgueil ».

Un an avant son élection, le 5 mai 2006 à Nîmes, Nicolas Sarkozy avait ouvert sa campagne par un discours sur la France dans lequel il retrouvait les mots et les accents de Philippe Séguin en 1992. La fierté de ce que la France avait accompli, de ce qu’elle serait capable d’accomplir dans l’avenir, « la fierté d’être français pour étonner le monde ». C’est cet élan qui allait le conduire à l’Élysée. Et l’on com prend pourquoi maintenant, devant un pays amer, blessé par la crise, devant une opinion rebelle, il est allé chercher dans cette même filiation ce débat sur l’identité nationale afin de dénoncer le renoncement et “la haine de soi” et de plaider pour notre rayonnement.

Or, ce débat s’est aussitôt heurté aux ricanements et au rejet d’une majorité d’intellectuels portés par les médias. Pourquoi ? Par hostilité à toutes les initiatives du chef de l’État ? Parce qu’ils ont honte de parler de la France ? Sans doute Philippe Séguin n’était-il pour eux qu’un “homme du passé” et ce qu’il disait aussi. Il est vrai qu’il avait écrit ces mots implacables à leur intention : « La pire menace qui puisse peser sur une démocratie, c’est la violence sournoise, insinuante, du mensonge ; c’est la manipulation des esprits, d’autant plus redoutable qu’elle revêt les oripeaux du moralisme. » Voilà une question de plus soulevée par le débat sur la France.

Par François d'Orcival, de l'Institut.

Photo © Patrick Iafrate