DEMOCRATIE

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dimanche 17 mai 2009

Deux ans à l'Élysée...


Droit de regard

Catherine Nay, le 14-05-2009
Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy était élu président de la République. Une bonne occasion de revisiter l’histoire. Après deux années passées à l’Élysée, où en étaient ses prédécesseurs ? Pour Valéry Giscard d’Estaing, ce laps de temps marque une double rupture. Politique : le divorce avec son premier ministre. Jacques Chirac cla­que la porte de Matignon en août 1976 puis transforme l’UDR en RPR, un parti à sa botte. Du jamais vu !

Économique : Raymond Barre ar­rive à Matignon. Pour freiner l’inflation qui tourne autour de 13 %, les impôts sont majorés. Tout aug­mente : l’essence, l’élec­tricité, le gaz, les tarifs SNCF. Le choc pétrolier de 1973 a signé la fin des Trente Glorieuses, le chô­mage grimpe, le franc est dévalué. La gauche rem­porte les cantonales de mars 1976. Dur, dur !

1981, élection de François Mitterrand. C’est l’euphorie de la vague rose. Au programme, la relance par la consommation. Toutes les vannes de la dépense sont ouvertes. Smic : + 10 %, allocations familiales : + 25 %, allocations vieillesse : + 20 %. On augmente le nombre des fonctionnaires (près de 600 000). On passe aux 39 heures payées 40, à la cinquième semaine de congés payés. On relance la production de charbon, on rouvre des mines, on réembauche 8 000 mineurs qu’on ira chercher au Maroc.

4 octobre 1981, première dévaluation du franc. Un an plus tard, les caisses sont vides. Premier plan de rigueur. Les salaires ne seront plus indexés sur la hausse des prix (une mesure courageuse). Les déficits s’accumulant, la France devient le premier emprunteur sur les marchés internationaux. La dette s’installe en France. On n’en est jamais sorti.

Deux ans plus tard, deuxième plan de rigueur. La gauche subit une défaite aux municipales. C’est l’heure des révisions drastiques. Tous les tarifs sont relevés (gaz, électricité, SNCF). On crée le forfait hospitalier. On prélève 1 % sur tous les revenus imposables.

La consommation des ménages est durement frappée. On ferme les mines. « Le socialisme n’est pas ma bible », explique doctement François Mitterrand. Un an plus tard, en 1984, retour des États-Unis, il se convertit au libéralisme et aux vertus du profit. Un cas unique de virage politique à 180 degrés.

Et Jacques Chirac ? À la troisième tentative, il est élu sur le thème de la “fracture sociale”. Un pro­gramme d’assistanat so­cial qui est l’inverse de celui d’Édouard Balladur, qui entend réduire les déficits. Six mois plus tard, le 26 octobre, ceux-ci sont tels que la France risque de rater son entrée dans l’euro.

Jacques Chirac, qui re­connaît les avoir sous-estimés, n’a plus qu’un mot à la bouche : économies. Deux ans plus tard, l’économie va mieux, la croissance est en vue, mais une note de Bercy a convaincu Alain Juppé, le premier ministre, et Dominique de Villepin, le secrétaire général de l’Élysée que, sans un nouveau tour de vis, la France ne pourra se qualifier pour l’euro. D’où l’urgence de brusquer les échéances. Jacques Chirac, qui se laisse convaincre, explique à la télévision qu’au lendemain des législatives, il poursuivra la même politique avec le même premier ministre (l’impopulaire Juppé). Résultat : la berezina. Lionel Jospin s’installe à Matignon pour cinq ans…

Comme quoi, l’étude du passé permet de relativiser le présent.

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