DEMOCRATIE

DEMOCRATIE

mercredi 17 septembre 2008

NOTES de LECTURE Une brève histoire de l’avenir


Je viens de terminer de lire un livre du mois de novembre 2006.
( que je n'avais pas eu le temps de bouquiner )




Il s’agit du livre de Jacques Attali, « une brève histoire de l’avenir ».


Il part de cette certitude que le monde changera plus dans les cinquante prochaines années que dans les cinq derniers siècles.

Le niveau de vie des Français sera très sérieusement réduit par la charge de la dette que nous laissons à nos enfants, sans doute chercheront-ils à annuler cet effet par une inflation qui pénalisera les plus faibles. Et pourquoi ne pas imaginer qu’à terme le peuple français arrive même à refuser la démocratie qui les aura conduits à ce désastre ?
Beaucoup à gauche comme à droite en France comme ailleurs, se contentent de discourir sur la grandeur de la nation, d’agiter les menaces qui pèsent sur elle, de gérer le déclin parfaitement évitable, à la petite semaine en renvoyant les choix difficiles à leurs successeurs. De fait à l’échelle de nos petites vies, c’est un parti pris raisonnable : la France est assez riche pour sombrer lentement.

Les réformes nécessaires ne sont pas faciles à accepter. Elles supposent de réduire l’endettement du pays en réduisant la dépense publique, de retarder l’âge de la retraite pour tenir compte de la longévité nouvelle, de relancer la politique démographique et d’intégration des populations étrangères dont nous avons besoin pour combler nos lacunes, de réformer profondément les services publics pour les amener à servir vraiment les plus démunis.
Il faudra :
- développer la démocratie participative
- moderniser les réseaux de communication (ports, gares, fibre optique, infrastructures urbaines)
- développer massivement la recherche industrielle et universitaire
- poursuivre une très ferme politique de sécurité intérieure
- mener une bataille frontale contre tout ce qui réduit la mobilité (drogue, alcool, obésité)
- aller vers une gestion plus rationnelle de l’eau, de l’énergie, des déchets et des ressources de la terre et de la mer
- monter une politique de promotion mondiale de la langue française
- doter nos armées de moyens de surveillance et d’intervention rapide
- faire une priorité de l’aide au développement de la Méditerranée dont la sécurité de la France dépendra dans le prochain demi-siècle
- promouvoir un véritable gouvernement européen, doté de compétences politiques militaires et sociales
Il en va de la survie de la démocratie, rien de moins.



Le premier tiers du livre constitue une des plus étonnantes histoires « co-évolutive » des civilisations humaines jamais écrite : de l’ancienne Egypte aux dynasties chinoises, en passant par le Bassin méditerranéen, le Moyen Age européen, l’Inde ou le Moyen-Orient, il met en perspective les trois ordres qui conditionnent le développement des sociétés humaines : l’ordre rituel (religieux), l’ordre impérial (militaire) et l’ordre marchand (contrôle de l’économie). Etape par étape, en suivant les « cœurs » du monde (Bruges, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, Boston, New York et Los Angeles), il décrit l’implantation de la démocratie de marché, la naissance du capitalisme, la mondialisation, l’influence croissante d’Internet et des objets nomades dans les relations sociétales et dans les nouvelles formes de travail.

Mais progressivement, il se projette dans un avenir de plus en plus inquiétant, marqué par ce qu’il appelle « l’hyperempire » (l’extension de la démocratie de marché, avec ses règles impitoyables, allant jusqu’à la marchandisation du temps et du corps), « l’hyperconflit », (le choc armé de politiques, de cultures, de religions, entre des Etats ou des groupes se déclarant incompatibles, en lutte pour le contrôle des flux financiers, de l’énergie ou de l’eau). Des groupes puissants représentés par les mafias, les cartels, les « entreprises pirates », les « criminels en col blanc », s’appuyant sur « l’hypersurveillance », au détriment des règles de base de la vie privée et de l’éthique de la vie en société. De ce champ de bataille réel et virtuel des prochaines années Jacques Attali fait émerger la lueur de l’espoir.

Son livre se termine sur des options de construction positive et responsable de leur avenir par les humains, rassemblées dans ce qu’il appelle « l’hyperdémocratie ». Certes, on pourra dénoncer le caractère utopique, ou trop optimiste de cette vision à long terme. Certes, une collection de mots ne fait pas une politique globale, en particulier lorsque certains d’entre eux dénotent une certaine ambiguïté idéologique (comme « transhumanisme » ou « gouvernement mondial »). Mais les bases de la construction de ce grand futur sont jetées : réseaux solidaires, démocratie participative, « entreprises relationnelles », ONG, micro-crédits, intelligence collective... Encore faudra-t-il qu’au-delà des luttes de pouvoir et de l’égoïsme de chacun, les hommes prennent conscience de leur communauté de destin avec une nouvelle forme de « sagesse » pour référence principale.

Alors « se dessinera, au-delà d’immenses désordres, la promesse d’une Terre hospitalière pour tous les voyageurs de la vie ».

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